D’éminents écrivains, rédacteurs, agents littéraires et des éditeurs s’y sont retrouvés pour débattre du futur du la narration, du récit comme forme journalistique. Parmi les invités on peut citer notamment Susan Orelan (écrivain et journaliste à Rolling Stone, Esquire et Vogue), Gay Talese (une des légendes du Nouveau journalisme), Isabel Wilkerson (professeur à l’université de Boston et première afro-américaine à avoir gagné le prix Pulitzer) et la rédactrice en chef du New York Times, Jill Abramson.
Si on s’inquiète du futur du journalisme, quelle est la menace ? Etant donné que ce type de journalisme requiert un travail d’investigation intensif et donc de longue durée il faut que les éditeurs et les rédaction choisissent de mettre de l’argent dans de tels articles et donc espérer que les lecteurs aient envie de les lire – chose pas toujours évidente.
A une époque où , où l'ont annonce régulièrement la mort du journalisme et où celui-ci se « dépêche » plus que jamais, y a-t-il encore un désir de la part des lecteurs de lire ce type de journalisme « long-métrage » ?
A l’issue de la réunion, les débateurs répondent « oui », arrivant à la conclusion que l’appétit pour des articles bien écrits, bien documentés existe et existera toujours. C’est en tout cas le cas aux Etats-Unis, où la tradition du journalisme narrative est bien plus ancrée que dans le reste du monde et où, comme l’a souligné l’agent littéraire Amanda Urban, les œuvres de « non-fiction » se vendent beaucoup mieux que les romans.
Isabel Wilkerson et Gay Talese
Mais là où le sujet devient plus épineux, c’est quand il s’agit de savoir où ce type d’article pourrait être publié et comment faire pour que ceux qui les écrivent puissent en vivre.
Abramson a évoqués certains nouveaux débouchés comme The Atavist (dont nous vous parlions il y a quelques temps) ou encore Longreads.com qui recueille sur son site des récits de journalisme littéraire à partir de diverses publications et indique au lecteur combien de temps il faudra pour lire chaque article. Les salles de rédaction à but non lucratif comme ProPublica financent la réalisation d’articles de journalisme d'investigation, dont l'un a gagné le prix Pulitzer 2011 pour les Reportages Nationaux. Toutes ces entreprises étant relativement récentes, on ignore encore quels bénéfices pourront en être tirés.
Pour ce qui est de vivre du journalisme littéraire, Hampton Sides, rédacteur à Outside a déclaré : "Le journaliste littéraire est nécessairement pauvre. Quelqu’un qui pense qu’il va gagner beaucoup d’argent ne devrait pas faire ce métier. On fait ce métier parce qu’on l’aime, parce qu’on est passionné par le sujet. L'argent viendra plus tard. Ou pas. "
Susan Orlean, a elle émis une déclaration qu’elle a définie comme "digne des slogans d’encouragement que scandent les pom-pom girls" : "malgré toutes les sombres prédictions, j’ai l’impression qu’il n'y a jamais eu de meilleur moment pour raconter des histoires."
Via buquad.com

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